Depuis une cinquantaine d'années, des progrès considérables ont été faits dans la compréhension des systèmes complexes: cybernétique, thermodynamique non linéaire, théorie du chaos, théories de l'auto-organisation, etc. La science des systèmes est en forte expansion (surtout aux Etats-Unis) tout en rencontrant quelques réticences vu les profondes remises en question qu'elle suscite autant sur le plan pratique que sur les plans théorique et philosophique.

Avec l'élargissement du champ d'application des découvertes liées à l'étude des systèmes complexes, on commence à réaliser que non seulement les systèmes biologiques et écologiques sont régis par ces dynamismes, mais également les systèmes humains: civilisations, cultures, sociétés, entreprises, groupes.

Ainsi les entreprises et les groupes de travail ont un double aspect: ils sont en même temps des <organisations construites> et des <systèmes naturels>. Ils en ont donc les diverses propriétés globales: stabilité ou instabilité, interdépendance, auto-organisation, cycles, autonomisation, émergence, complexité, etc.

Il est évident que les organisations qui s'organiseront en connaissance de cause, en tenant compte de la dynamique des systèmes complexes, auront un avantage considérable sur celles qui le font sur la base de modèles mécanistes, inadéquats en l'occurrence. Les conflits de toute nature qui affectent l'homme s'atténueront peut-être lorsque la société humaine aura une représentation d'elle-même <plus pertinente>, c'est-à-dire plus systémique.

Nous saluons ainsi le travail de Martin Gerber et Heinz Gruner, qui se révélera certainement comme une œuvre de pionniers dans leur effort de faire comprendre dans un langage accessible les bases de la science des systèmes et surtout d'en tirer les leçons sur le plan pratique.